Économie d’énergie et confort thermique : quand les promoteurs et les foyers sénégalais ont le même défi
Alors que les vagues de chaleur deviennent de plus en plus intenses au Sénégal, la question du confort thermique s’impose comme une priorité nationale. Dans les foyers, les factures d’électricité explosent avec l’usage massif des climatiseurs et ventilateurs.
Dans les bureaux d’études et chez les promoteurs immobiliers, on s’interroge : comment construire des logements qui restent agréables à vivre tout en consommant moins d’énergie ?
La réponse se trouve à la croisée des deux mondes : penser l’efficacité énergétique dès la conception et adopter les bons gestes au quotidien.
Les nouveaux standards pour les promoteurs : construire avec le climat, pas contre lui
La période où l’on bâtissait selon un seul modèle “béton + carrelage + climatisation” touche à sa fin. Les promoteurs les plus visionnaires s’orientent vers des conceptions bioclimatiques, qui s’appuient sur la logique du climat local.
Quelques principes clés émergent :
- Orientation des bâtiments : privilégier les façades nord-sud pour limiter l’exposition directe au soleil.
- Ventilation naturelle : intégrer des ouvertures traversantes et des patios pour créer des courants d’air naturels.
- Inertie thermique : utiliser des matériaux locaux à forte capacité d’absorption et de restitution lente de la chaleur, comme la terre stabilisée, la pierre ou les blocs creux.
- Isolation de la toiture : plus de 40 % des gains ou pertes de chaleur passent par le toit — d’où l’intérêt des toitures ventilées ou peintes en blanc pour réfléchir la chaleur.
- Végétalisation : les arbres d’ombrage et les façades végétales deviennent de véritables climatiseurs naturels.
Ces solutions, encore perçues comme “alternatives”, sont en réalité économiquement rationnelles. Un logement bien conçu peut réduire de 30 à 50 % ses besoins en climatisation — un argument de vente puissant pour les promoteurs, et une contribution concrète à la durabilité urbaine.
Les foyers aussi ont leur rôle : réduire la facture Senelec sans renoncer au confort
Pour les ménages, l’enjeu est immédiat et quotidien : comment rester au frais sans voir sa facture Senelec s’envoler ?
Voici quelques gestes à fort impact :
- Éteindre la climatisation 30 minutes avant de quitter la pièce : l’inertie thermique maintient le confort.
- Nettoyer régulièrement les filtres : un climatiseur encrassé peut consommer jusqu’à 15 % d’énergie en plus.
- Fermer les volets et rideaux pendant les heures les plus chaudes (12h–16h) pour éviter la surchauffe intérieure.
- Utiliser des ampoules LED : elles dégagent beaucoup moins de chaleur que les lampes classiques.
- Débrancher les appareils inutilisés : en veille, ils continuent de consommer jusqu’à 10 % de la facture totale.
- Installer des réflecteurs sur les vitres exposées ou des films anti-UV pour limiter l’effet de serre intérieur.
L’enjeu est de transformer ces gestes en habitudes énergétiques durables, surtout dans les quartiers où la précarité énergétique touche de plus en plus de foyers.
Vers un nouveau pacte énergétique entre les constructeurs et les habitants
Le défi de la canicule ne se gagnera pas uniquement avec des climatiseurs plus puissants. Il se gagnera avec une intelligence collective entre le secteur immobilier et les usagers finaux.
Les promoteurs ont la responsabilité de concevoir des logements économes et bien ventilés ; les ménages, celle de les utiliser de manière efficiente.
Cette convergence ouvre la voie à un nouveau standard énergétique sénégalais, où chaque projet immobilier intègre :
- une analyse thermique dès la conception ;
- des formations de sensibilisation aux éco-gestes pour les acheteurs ;
- et à terme, des certifications “bâtiment tropical efficient” à l’image des labels internationaux comme Edge.
